samedi 18 juillet 2009

Rideaux fleuris et draps rayés

La tête alourdie par le café et le vin, je contemple du lit les murs fraîchement peints qui tirent vers le jaune moutarde. La chambre est une copie conforme de la dernière revue Ikéa, à part pour un lit simple suplémentaire et un piano. Après deux fins de semaine, je m'y sens déjà chez moi. La cuisine est superbe, le salon le sera aussi et, malgré sa petite taille, j'adore la salle de bain, qui est décorée avec beaucoup de goût. C'est indéniable, son condo a de la classe, elle ne s'est pas abaissée au niveau de la qualité en déménageant.

Pour sa part, avec quatre-vingt livres et un mariage en moins, elle semble mieux respirer. Elle est forte, se relève facilement, essuie ses larmes pour renaître comme je n'aurais jamais cru voir ma mère. Je l'aime, je l'admire et j'espère devenir digne d'elle.

De son côté, la maison semble plus vide que jamais, les chats doivent certainement s'y ennuyer. L'herbe est souvent trop longue, la piscine plus ou moins bien entretenue, tout comme sa barbe. Les armoires sont vides, on y trouve tout au mieux des canes de thon et quelques plats congelés.

J'essaie d'être raisonnable, de ne pas juger, de me montrer ouverte, mais je ne peux m'empêcher de lui en vouloir d'avoir scindé la famille en deux: lui et nous. Je suis consciente qu'il ne l'a pas fait méchamment, qu'il l'a fait parce qu'il pensait que c'était la meilleure chose à faire, mais je suis incapable de ne pas avoir de rancune envers lui. Je sais qu'il m'aime, qu'il veut tout ce qu'il y a de mieux pour ses filles, mais je lui tiens rancoeur de l'avoir quittée alors que c'est elle qui tenait les morceaux de la famille ensemble. Je suis consciente de la chance que j'ai d'avoir un père, qu'il ne me veut que du bien à sa manière maladroite, mais j'ai bien de la difficulté à l'accepter.

J'ai perdu un repère, l'exemple le plus immédiat de vie de couple que j'avais sous les yeux et j'ai de la difficulté à me convaincre que ma vie ne sera pas calquée sur la leur. J'ai peur de l'amour, mais aussi d'être seule, de ne pas avoir quelqu'un pour qui compter tout comme j'ai peur d'être contrainte dans une relation où je ne serai pas capable de respirer pleinement. J'ai peur d'aimer comme j'ai peur de me blaser, j'ai peur de faire des flos comme j'ai peur de ne compter pour personne. Je ne sais plus ce que je veux, je ne sais plus trop si je veux, en fait.

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